Suppression de l’abattement fiscal de 10 % : que risquent vraiment les retraités ?

Suppression de l’abattement fiscal de 10 % : que risquent vraiment les retraités ?
25 avril 2025

C’est une petite ligne sur la déclaration d’impôts… mais elle pourrait coûter cher. L’abattement fiscal de 10 % sur les pensions de retraite, en place depuis des décennies, est dans le viseur du gouvernement. Une mesure technique ? Pas tant que ça. Si elle est supprimée, des millions de retraités pourraient voir leur impôt sur le revenu grimper en 2025.

Alors, info ou intox ? Qui serait réellement concerné ? Et surtout, à combien pourrait s’élever la facture pour les retraités ? On fait le point.

 

Qu’est-ce que l’abattement fiscal de 10 % pour les retraités ?

On en parle beaucoup, mais peu savent vraiment de quoi il s’agit. En clair, l’abattement de 10 % est une réduction automatique appliquée sur le montant des pensions (retraite de base et complémentaire) déclarées aux impôts. L’objectif : tenir compte des frais engagés par les retraités… même si, dans les faits, la dépense est souvent fictive.

Tous les retraités en bénéficient, dans la limite de 4 123 € par foyer pour les revenus 2023. Résultat : pour beaucoup, cet abattement permet de réduire (voire d’annuler) leur impôt sur le revenu.

> À noter : les seuils précis et les barèmes à connaître pour la déclaration 2025 sont disponibles dans cet article sur les impôts 2025.

 

Pourquoi le gouvernement envisage-t-il sa suppression ?

Derrière ce débat fiscal, c’est un vrai casse-tête budgétaire qui se joue. L’État cherche des marges de manœuvre pour boucler ses comptes. Et l’abattement de 10 %, qui coûte environ 4 milliards d’euros chaque année, est une niche fiscale dans le viseur.

Plusieurs voix au sein de la majorité plaident pour sa suppression. L’idée ? Réduire les inégalités entre actifs et retraités. Car oui, les salariés aussi bénéficient d’un abattement de 10 %, mais celui-ci est plafonné à 1 355 € par an, contre trois fois plus pour les pensions de retraite.

Mais cette proposition suscite de vives réactions, notamment du côté des syndicats et de certains élus. Pour eux, il s’agirait d’un coup dur pour le pouvoir d’achat des seniors.

 

Qui serait impacté par la fin de cet abattement fiscal ?

C’est là que les chiffres commencent à faire peur. Selon une étude de l’économiste Pierre Madec (OFCE), plus de 11 millions de retraités verraient leur impôt augmenter si la mesure était adoptée. En clair, près de deux retraités sur trois seraient concernés.

Et ce n’est pas tout.

Environ 500 000 retraités modestes, aujourd’hui non imposables, pourraient basculer dans l’imposition, avec parfois des hausses soudaines. Exemple cité par le syndicat Unsa-Retraités : un retraité touchant 1 542 € par mois ne paie aujourd’hui rien. Demain, il devrait s’acquitter de 272 € d’impôt.

Ce changement toucherait surtout les retraités du milieu de tableau et les jeunes retraités. Les plus modestes continueraient à bénéficier de la décote et de seuils spécifiques, limitant la casse.

> Pour savoir si vous seriez concerné, n’hésitez pas à utiliser notre simulateur d’impôt 2025.

 

Que disent les syndicats et les opposants politiques ?

Sur TF1, Marine Tondelier (Les Écologistes) a lancé l’alerte : selon elle, "18,5 millions de retraités vont payer plus d’impôts" si l’abattement est supprimé. Un chiffre largement surestimé, puisque seuls 15 millions de retraités en bénéficient actuellement, et qu’environ 11 millions seraient réellement impactés.

Mais sur le fond, le syndicat Unsa-Retraités partage son inquiétude. Il pointe un manque d’analyse d’impact de la part du gouvernement, et une forme d’injustice pour les retraités modestes, qui pourraient devenir imposables sans réelle compensation.

 

Une réforme encore floue : que faut-il retenir ?

Pour l’instant, rien n’est acté. Le gouvernement n’a pas encore présenté de texte précis, et cette mesure pourrait être discutée dans le cadre du projet de loi de finances pour 2025. Mais le signal est clair : les avantages fiscaux liés à la retraite sont dans le viseur. Et face à la pression sur les finances publiques, d’autres niches pourraient aussi être ciblées.

En attendant, les retraités feraient bien de suivre de près les annonces à venir, car la suppression de l’abattement pourrait changer la donne dès la prochaine déclaration de revenus.


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